Psychologie des masses et analyse du moi est publié en 1921. Depuis plus de vingt ans, Freud poursuit obstinément son exploration du monde psychique, on pourrait donc penser qu’il n’a plus rien d’essentiel à découvrir. Et cependant l’idée qui surgit alors à sa plus grande surprise est que le moi, dont l’évidence s’impose au sens commun, un moi si majestueux dans son auto-affirmation, relève du rassemblement précaire d’instances aux origines multiples, qui entretiennent avec la conscience des rapports ambigus : le moi de la perception est proche de la réalité ; celui construit par les identifications aux objets œdipiens demeure inconscient ; le moi idéal est l’héritier de l’omnipotence infantile ; le surmoi commémore pour l’éternité l’autorité parentale… Entre ces instances, qui revendiquent toutes de parler à la première personne, l’harmonie règne rarement et ce sont bien plus souvent l’angoisse et la culpabilité qui menacent son devoir d’intégrité. Le détour par l’étude des foules révèle que le moi n’échappe ni à l’éparpillement ni à la psychologie des masses : il atteste ainsi de la bigarrure de la psyché humaine à laquelle la psychanalyse demeure tant attachée.
Avec les contributions de
Olivier Bonard, Bruno Chenique, Françoise Coblence, Jean-Michel Hirt, Laurence Kahn, Géraud Manhes, Françoise Neau, Henri Normand, Beatriz Dos Santos, Michel Villand.